05.05.2020

PRESS - Un espoir de solidarité horlogère

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OPINION. Il est nécessaire de favoriser l’investissement local afin d’être compétitif sur la durée, affirme Anthony Schwab, directeur général d'Econorm, à Saint-Imier (BE)

Mon message est un espoir de solidarité horlogère et veut simplement permettre à notre belle industrie suisse de déployer ses ailes. En effet, depuis des dizaines d’années, une politique de délocalisation des firmes régionales a engendré un appauvrissement de l’indépendance du développement de notre pays. Retrouvons une autonomie!

Le redémarrage actuel de la production chinoise ne doit pas représenter un soulagement pour la Suisse. Il n’est pas question de «recommencer comme avant». N’oublions pas qu’une nouvelle ère s’est mise en marche et ainsi les défis de demain exigeront encore plus de sacrifices, mais aussi davantage d’investissement privé, d’initiatives individuelles, de réussites entrepreneuriales et collectives.

L’Asie est le premier fournisseur de composants horlogers «Swiss made»: plus de 2 milliards de francs d’importations de composants horlogers proviennent de ce continent. Il s’agit du premier fournisseur sur un marché de 20 milliards de francs d’exportations de montres.

Lire aussi: «Swiss made», aux origines d’un label controversé

«Pas assez de «Suisse» dans la fabrication»

Depuis l’arrivée du Swissness et cette règle des 60%, la machine à calculer s’est mise en marche encore plus que jamais, et certaines marques ont choisi de revoir à la baisse leur pourcentage initial afin d’économiser de l’argent. La fédération horlogère n’a pas mis la barre assez haut, le message n’était pas ambitieux et loyal envers nos productions: pas assez de «Suisse» dans le «made»!

Nous avons besoin d’une politique horlogère forte, d’une politique industrielle suisse. Nous devons nous demander vers quoi nous avançons, et pourquoi! La réponse horlogère à cette crise doit évoluer et les discussions naissantes de certaines entreprises horlogères doivent permettre de mettre en place une vision transparente pour les fournisseurs. Les marques doivent se rapprocher du savoir-faire local. Sans cela, beaucoup trop de sociétés fermeront définitivement et l’offre permettant les timides 60% suisses ne sera plus possible: une honte et un appauvrissement de la créativité helvétique!

Comment procéder? Il n’y a pas une solution unique, mais un mode de fonctionnement à recouvrer, un sens du travail à retraduire.

Tout d’abord, il est nécessaire de mettre en place une économie durable: il faut en finir avec les plans de financement à 5 ans, ayons de l’engagement envers notre horlogerie. Il est important d’instaurer un dialogue avec tous ces créateurs pour permettre de maintenir des emplois et une activité économique dynamique, et ce dans tous les segments de prix.

«Le produit au centre, la marge après, voilà ce que devrait être notre horlogerie»

Le dialogue et la collaboration professionnelle entre manufacture et fournisseurs locaux devraient être une évidence, d’autant plus lorsque ces usines sont voisines! Pourquoi continuer à creuser le fossé et nourrir le ciel d’avions-cargos? Evitez d’utiliser la «durabilité» en argument marketing pour réaliser quelques bracelets recyclés et assemblés en Chine ou d’autres pseudo-cristaux synthétiques, qui ont prétendument un impact carbone faible, alors que nous avons des usines saines sur nos terres. Existe-t-il des campagnes sur les prouesses des fournisseurs de l’horlogerie suisse ou la garantie du maintien d’une activité forte dans les domaines de l’habillage horloger? Non!

Pourtant tout le monde utilise l’appellation «Swiss made», sans donner de l’importance à tous ceux qui font tout pour maintenir cette industrie et la remettre à l’heure! Le produit au centre, la marge après, voilà ce que devrait être notre horlogerie. Par conséquent, on doit un respect envers le travail effectué et surtout envers cette clientèle qui nous fait vivre.

Des emplois à long terme

La trajectoire actuelle doit permettre aux marques d’accorder leur confiance aux usines suisses, de créer des volumes sains et ainsi de dynamiser leurs outils de travail. Il faut bannir la comparaison avec les prix asiatiques qui se discute régulièrement et il est nécessaire de favoriser l’investissement local afin d’être compétitif sur la durée. La confiance attribuée aux entreprises asiatiques leur permet de percevoir un volume annuel de plus de 20 millions de verres. Les fournisseurs suisses auraient besoin de la même confiance, ne croyez-vous pas?

Il est clair que l’impact de tels changements sur la provenance des composants aura un coût et que, sur le court terme, il y aura des pertes. La crise actuelle a généré bien des douleurs et loin de moi l’idée de banaliser la situation, mais réfléchissons, est-ce que ces idées menacent les emplois sur le long terme? Nullement. Elles donnent le signal que l’on veut des postes qui soient le plus possible inscrits dans une activité favorable, avec l’appellation méritée.

Comprenez qu’il s’agit là d’un réel mouvement. Produire permet d’avoir une réelle force de frappe pour une construction robuste du futur! Donnez cette chance à tous ces acteurs invisibles de l’horlogerie de pouvoir participer pleinement à la production massive de nos garde-temps. Cette crise nous rappelle à tous que, finalement, le plus important, c’est d’être uni, d’être en famille, donc réunissons cette famille de l’horlogerie ensemble!


*Anthony Schwab, directeur général ECONORM AG, Saint-Imier

 

Le Temps, 11 mai 2020

https://www.letemps.ch/economie/un-espoir-solidarite-horlogere

Le Temps 5 mai 2020

 

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